Reporters pour la liberté d’expression

Maison des journalistes
Visite guidée de la Maison des journalistes – Paris 15ème.

Qu’est-ce que la liberté d’expression et où s’arrête-t-elle ? A-t-on, oui ou non, le droit de tout dire et quelles sont les limites au-delà desquelles l’opinion et la parole tombent sous la coup de la loi ? Mais comment peut-elle aussi être menacée en France comme à l’étranger ? C’est à ces questions complexes qu’on tenté de répondre les élèves de deux classes de Seine-Saint-Denis, à travers leurs reportages sonores

 

Toute l’année, le sujet de la liberté d’expression a constitué le fil rouge de la réflexion pour ces 50 élèves de deux établissements de Dugny et des Lilas. Parmi les temps forts des deux projets figurent deux journées de reportage. A cette occasion, les élèves ont eu la chance de se rendre dans deux structures dont les visites sont possibles mais rares : la Maison des journalistes (MDJ) et le Tribunal de grande Instance de Paris ou Palais de Justice.

A la Maison des journalistes (MDJ), structure unique au monde créée en 2002 pour accueillir les journalistes réfugiés en France, les élèves ont interviewé et fait connaissance avec des journalistes réfugiés, le personnel de la MDJ et des représentants de Reporters Sans Frontières (RSF). Au Tribunal de grande instance de Paris (TGI), les deux classes ont pu assister, au sein de la 17ème Chambre correctionnelle (spécialisée dans les affaires de presse) à une partie du procès Socfin contre Mediapart-Le Point-L’Obs et les ONG ReAct et Sherpa. Ces derniers étaient poursuivis * suite à la publication en 2015 d’un article écrit par le journaliste Dan Israel. Dans cet article, des paysans camerounais expliquent que leurs conditions de vie se sont dégradées depuis que leurs terres sont exploitées par l’une des filiales de la SOCFIN (filiale luxembourgeoise du groupe Bolloré), la SOCAPALM, active au Cameroun et spécialisée dans la production et l’importation d’huile de palme. Accusée publiquement de s’être accaparé leurs terres la SOCFIN, par la voix de son avocat, a ensuite porté plainte pour diffamation contre les différents médias et ONG qui avaient relayées ces informations.

Ces projets ont permis aux élèves de mieux cerner le rôle et la place d’une information, la notion de liberté d’expression et ses limites juridiques (cf. Loi du 29 juillet 1881). Surtout, ces jeunes ont pris davantage conscience que la liberté d’expression est aujourd’hui de plus en plus menacée à la fois en France (cf. assassinat des dessinateurs et journalistes de Charlie Hebdo de janvier 2015, multiplication des poursuites en diffamation contre des médias par des groupes économiques et financiers, etc.) mais aussi à l’étranger (affirmations des régimes dictatoriaux, renforcements des arsenaux législatifs pour contrôler la presse et les réseaux sociaux et restrictions des libertés publiques, etc.). La liberté d’expression est un bien commun de la démocratie, par nature précaire, qu’il convient de protéger et préserver.

Les deux reportages réalisés par les élèves rassemblent, sur ce vaste et épineux sujet, une multiplicité de points de vue : avocats, magistrats, juristes, créateurs de jeux vidéos, journalistes français, journalistes réfugiés, personnes ressources de la Maison des journalistes et de l’ONG Reporters sans Frontières (RSF).

 

Nous vous souhaitons une belle écoute :

* Ils ont été depuis relaxés (29 mars 2018) par une décision du Tribunal de grande instance de Paris qui a réaffirmé « la primauté de la liberté d’expression et l’intérêt général sur les poursuites-bâillons des multinationales ». https://blogs.mediapart.fr/la-redaction-de-mediapart/blog/300318/poursuites-baillons-sherpa-react-mediapart-le-point-et-l-obs-relaxes

Les acteurs du projet de  « Tous reporters pour la liberté d’expression ! » :

Les élèves de 4ème 6 du collège Jean-Baptiste Clément, Dugny

Les élèves de 4ème 4 du collège Marie Curie, Les Lilas

Valérie Rohart, Albéric de Gouville, Alain de Valpo, journalistes

Clément Tramoy, Laura Ronca, Chargés de projets Citoyenneté Jeunesse

Sibel Fidan, Justine Denaud, Clara Pinault, Claire Beissiere, Jean-Claude Martinez, professeurs

*Ce projet a été conçu et mis en œuvre dans le cadre du dispositif « La Culture et l’Art au collège » initié par le Conseil général de la Seine-Saint-Denis.